Dans une année 2020 marquée par la crise sanitaire, et ses conséquences sur l’exploitation des salles, la consommation hors-foyer s’est, en partie, reportée sur la livraison. Cette restauration chez-soi a progressé de 47% depuis 2018, avec un chiffre d’affaires de 4,9 milliards d’euros, selon l’étude de Food Service Vision, qui en a diffusé certains points-clés. Premier constat, les plateformes ont préempté le marché. La notoriété d’Uber Eats et de Deliveroo a plus que triplé en deux ans et dépasse désormais celle de la plupart des chaines historiques de la restauration. 7 com­mandes sur 10 passent désormais par les plateformes de livraison, contre seulement 1 sur 2 en 2019. Et sur les plateformes, l’offre se spécialisent : le marché des cuisines fantômes, ou cui­sines laboratoires, ou encore dark kitchens (restaurants sans présence physique) est en fort développement et permet la création de marques virtuelles de restauration, unique­ment distribuées en livraison. Si les plates-formes de livraison ont enregistré 37 000 res­taurants « réels », elles distribuent aussi 4 500 marques virtuelles en exclusivité. Du côté de la demande, l’intérêt pour ces solutions de restauration est là. La proportion des Français ayant recours à la livraison est passée de 40 à 46 % entre 2019 et 2020, 36% des commandes étant issues des applications sur smartphone. La livraison séduit désormais des classes d’âges plus élevées, avec une forte hausse chez les plus de 35 ans. En outre la part des clients réguliers a fortement aug­menté depuis 2019 et représente désormais 50% des utilisateurs. Des usages qui, réponses au contexte très spécifique de la crise sanitaire, devraient lui succéder. Selon Food Service Vision, des phénomènes structurels comme le développement du télétravail, la part plus importante des millenials dans la population active, l’intérêt très marqué des investisseurs pour cette activité, le maillage territorial plus dense et les investissements massifs des plates-formes pour fidéliser les consommateurs devraient contribuer à soutenir la croissance du marché. Selon la société de conseil, les trois-quarts des restaurants à table poursuivront la livraison à la réouverture. 94 % des restaurateurs indépendants of­frant un service de livraison, mais 47% d’entre eux reconnaissent qu’ils ont per­mis de sauver leurs établissements pen­dant la crise. 36% estiment que la principale difficulté de la mise en place de la livraison est la gestion des livreurs des plateformes.